C’est drôle, quand j’y pense. Avant, lorsque mon employeur m’annonçait un incentive, j’avais tendance à faire la tête. Tout au long de ma carrière, j’ai travaillé pour pas mal d’entreprises qui étaient plus habiles à manipuler le bâton que la carotte. Dans ces boîtes old school, la DRH exigeait de nous que nous nous surpassions mais on donnait très peu en échange. Et se donner à fond pendant une semaine pour gagner quelques bonbecs (authentique !), ça met un peu sur les nerfs. La firme pour laquelle je travaille aujourd’hui a heureusement lu quelques bouquins de management. Parce que quand elle présente un challenge commercial, la rétribution est proportionnelle à l’effort fourni. Et ça, ça change tout. Du coup, c’est avec enthousiasme que je reçois les nouveaux challenges, et je me donne à 200 %. C’est comme ça que j’ai déjà remporté un iPad, des séjoursde luxe, des places de cinéma (pour un court challenge)… Si j’étais déjà comblé de ces avantages, il y a deux mois, j’ai cependant gagné la timbale : un voyage de quatre jours en Nouvelle-Zélande ! Au départ, j’admets que je n’étais pas vraiment inspiré à l’idée d’y aller. Si j’avais eu le choix’aurais préféré effectuer ce voyage avec ma femme. Parce que c’était un voyage entre collègues, bien entendu. Le postulat m’ennuyait pas mal. Partir en voyage avec des collègues, ce n’est pas tout à fait du boulot, mais ce n’est pas des vacances non plus. J’imagine que c’est la même chose dans votre travail : on ne se conduit pas au travail comme à la maison. Il y a un rôle à jouer, celui du type qui se relâche parce que c’est ce qu’il est supposé faire, mais tout en faisant quand même garde à bien se comporter, car ses collaborateurs sont présents. Enfin, ça, c’est ce que je croyais avant d’y aller. Parce qu’une fois sur place, je me suis surtout pris conscience qu’un trip entre hommes, parfois, ça permet également d’être naturel. Mais d’un naturel un peu différent de celui qu’on a avec sa femme. J’ai dû perdre pas mal de neurones au cours de mon séjour, mais je dois dire que ça fait quand même un bien fou. Je craignais que les activités prévues sur place aient autant de saveur qu’un plat micro-ondable. Vous savez, le genre d’ activité où le caractère authentique . J’ai déjà vécu ce genre de moment durant certains voyages, et ça ne m’a vraiment pas plu. Mais la DRH a, là aussi, su tirer son épingle du jeu : c’est une agence événementielle qui a tout organisé d’un bout à l’autre, et nous a concocté un voyage vraiment authentique. Si celui-ci était au final assez riche, ça a été un vrai plaisir : il ne s’agissait pas d’un séjour touristique (le colon blanc venant s’amuser chez les indigènes), mais d’un séjour authentique où nous avons non seulement découvert la culture locale mais également échangé avec les habitants et les autres collègues. Je craignais surtout que les activités prévues sur place soient navrantes. Vous savez, comme ces chasses au trésor où l’on a l’impression de revenir en colonie de vacances. La direction a fait d’une pierre deux coups, sur ce coup-là : elle a non seulement fait plaisir à ses employés en leur procurant ce voyage, challenge commercial mais a également contribué à améliorer la communication entre ceux-ci. Je pense que je suis enfin arrivé à destination. Il y a eu une période où je changeais de société comme de chemise. Aujourd’hui, je ne regarde même plus ailleurs. Et vous savez quoi ? Ca fait du bien, de poser ses bagages.