A partir du début des années 2000, pour garantir l’équilibre financier des régimes de retraite, une réorientation des politiques publiques, caractérisée par l’augmentation du nombre d’annuités nécessaires à l’obtention d’une pension à taux plein, l’extinction des préretraites à financement public et par le report progressif de l’âge de départ à la retraite, a transformé la situation des seniors sur le marché du travail. Ces réformes se sont assez vite traduites par une augmentation sensible et régulière des taux d’activité et d’emploi des quinquagénaires et sexagénaires, accompagnée par une dynamique de dialogue social entre 2005 et 2012 (accord national interprofessionnel du 13 octobre 2005, plan d’action concerté en faveur de l’emploi des seniors de juin 2006, accord national interprofessionnel du 19 octobre 2012 relatif au contrat de génération). La croissance de la participation de seniors au marché du travail est appelée à se poursuivre compte tenu de la progressivité de la réforme des retraites votée en 2010 : à réglementation inchangée, l’âge moyen de départ en retraite se stabilisera à 64 ans dans un délai de 15 ans. Bien que les plus de 50 ans aient connu une forte augmentation de leur participation à l’emploi au cours des quinze dernières années, ils présentent une vulnérabilité particulière au chômage en étant surreprésentés parmi les chômeur.euse.s de longue durée et de très longue durée. Toutes durées confondues, le taux de chômage des seniors demeure, certes, inférieur à celui de la population générale mais il a augmenté à un rythme particulièrement soutenu entre 2009 et 2016, se rapprochant de celui des 25-49 ans. En outre, les situations d’inactivité avant la retraite tendent à s’accroître ; elles peuvent en partie être rapportées à des situations de découragement face à une recherche d’emploi infructueuse. Les seniors sont particulièrement concernés par les licenciements ou toute forme de rupture de contrat et il leur est alors très difficile de retrouver un emploi. Notre avis souhaite donc souligner le caractère primordial du maintien dans l’emploi des seniors dans les entreprises comme dans la fonction publique. Sur le marché du travail, les seniors se distinguent donc par des difficultés de retour à l’emploi bien supérieures à celles des autres tranches d’âge. La faiblesse du taux d’embauche des seniors est assez générale parmi les pays de l’OCDE mais elle est particulièrement marquée en France où elle n’est pas compensée par une plus forte tendance au maintien dans l’emploi. Or, en dépit de cette forte spécificité des seniors vis-à-vis de l’emploi, toutes es politiques publiques qui leur étaient dédiées se sont éteintes récemment, parfois au nom d’une meilleure prise en compte des caractéristiques individuelles des personnes.