Le gouvernement britannique a déclaré en 2000 que les excédents d’armes légères (autres que les armes automatiques, systématiquement détruites) déclarés par le ministère de la Défense sont « mis à la disposition uniquement des gouvernements, soit directement soit par le biais d’entités dûment autorisées à fournir des armes, et cela pour être utilisés par des organisations militaires, paramilitaires et de police acceptables ». Les armes en excédent sont vendues par l’agence de vente de surplus Disposal Sales Agency (DSA), rattaché à la Defence Export Sales Organisation (DESO), un service du ministère de la Défense chargé des ventes de matériel militaire à l’exportation. La DSA « impose normalement aux gouvernements étrangers souhaitant acheter du matériel des surplus du ministère de la Défense l’obtention d’une licence d’exportation britannique avant d’en prendre possession au Royaume-Uni ». Deux des principaux objectifs de la DSA sont d’assurer le meilleur gain possible sur les ventes d’excédents de matériel militaire et de promouvoir l’activité britannique. Il existe donc une contradiction fondamentale entre les principes régissant le processus d’élimination des armes légères et les principaux objectifs de la DSA. Une illustration en a été donnée à la fin de l’année 2002 lors du Salon africain de l’aérospatiale et de la défense organisé sous l’égide du gouvernement sud-africain, à l’occasion duquel la DSA a produit une brochure de présentation de ses fusils SA80 (désignés sous l’appellation L85A1), une offre qui incluait le tout dernier modèle L85A2. On procédait précisément, à cette époque, à l’introduction de ce modèle dans les forces armées britanniques, et il apparaissait donc pour le moins étrange de le commercialiser comme faisant partie des surplus d’armes. Le dernier Salon africain de l’aérospatiale et de la défense a attiré plus de 20 000 visiteurs issus de milieux d’affaires des cinq continents et originaires de 40 pays. Un total de 87 délégations officielles en provenance de 37 pays l’ont visité. Il est inquiétant de voir ces armes légères sophistiquées et meurtrières commercialisées en Afrique du Sud, un pays où les violences commises au moyen d’armes à feu atteignent un taux record. De plus, dans de nombreux pays d’Afrique australe, la prolifération incontrôlée et l’usage abusif des armes légères et de petit calibre par des acteurs étatiques et non étatiques se traduisent par des violations massives des droits humains. La mise sur le marché de ces fusils est en contradiction avec l’action positive que mène le Royaume-Uni pour lutter contre la prolifération des armes en Afrique australe : depuis décembre 1998 ce pays est en effet engagé dans le dialogue entre l’UE et la Southern African Development Community (SADC, Communauté de développement de l’Afrique australe) sur les armes légères. La DSA a non seulement commercialisé les armes légères et de petit calibre, elle a également effectué la promotion de surplus d’explosifs et de munitions. Lors du Salon international de l’industrie de défense, aérospatiale et maritime organisé en Turquie en 2003 et du Salon international des équipements et systèmes de défense de 2003, la DSA proposait la vente de munitions et d’obus de mortiers aux représentants des gouvernements. La photo de la brochure présentée par la DSA a été identifiée comme étant celle d’un mortier BOZ de 0,224 mm, un mortier moderne de forte puissance mis au point par la société britannique Civil Defence Supply.